L'annonceur

CHRONIQUE

Frissons d'avril

Lors de l'équinoxe printanier, le 20 mars dernier, étourdi je devins, car tout un choc je reçus lorsque que Victhor mon petit-fils m'initia et me montra tout son savoir-faire sur TikTok.

Par Mario Courchesne [27/04/2023]

À Pèlerin, mon ami

Mais non chers lecteurs, calmez-vous le pompon, je ne m'adresse pas au Fred de Saint-Élie, car, voyez-vous, son nom s'écrit différemment de celui du faucon. Bien évidemment, nombreuses sont les péripéties que nous avons vécues au Belcourt que vous aimeriez assurément connaître, mais ce qui se passe dans les coulisses d'un théâtre y demeure. Bande de curieux, vous ne lâchez pas le morceau. Soit! lors de votre prochaine visite en ce lieu des arts de la scène parlez-en aux fantômes, ils vous révèleront peut-être quelques secrets mignons, voire fripons, à condition de déposer de précieux pécules dans le verre à pourboire au bar des illustres assoiffés sans gloire. Déçus vous êtes. Un jour, ne sait-on jamais, je vous dirai l'indisable ? Pour le moment mon esprit est totalement ailleurs, mes pensées sont avec mon père. Je le revois, alors que je n'étais qu'un gamin, à l'époque où il était jardinier, affublé d'un épandeur manuel, réservoir muni d'un long bec attaché autour de son cou et de sa taille, qui était rempli d'une poudre blanche au nom savant de dichlorodiphényltrichloroéthane, communément appelé DTT. À pas d'homme, enveloppé dans un nuage blanchâtre, il se promenait ainsi, mouchoir recouvrant le nez et la bouche, répandant ce produit dans la fraisière pour y détruire ces impitoyables insectes ravageurs, grands consommateurs et véritables fins gourmets de ce fruit défendu si tant désiré, la délicieuse petite fraise sucrée et juteuse à Wilfrid, mon papa adoré. Cet insecticide considéré à l'époque comme étant une invention providentielle devint un polluant des plus mortels. Véritable arme chimique de destruction massive. À bien y penser, ça devait être ça l'ingrédient magique qui donnait ce petit goût de revenez-y aux tartes de ma mère, sans parler de sa sublime confiture au sucre blanc ajouté. De quoi perdre toutes nos dents. Le DTT mis au rancart au début des années 70, dans notre pays à tout le moins, fut remplacé depuis par une multitude de sous-produits qui aux dires de nombreux chercheurs causent autant de ravages néfastes pour l'environnement. Difficile de s'en sortir. Pour revenir à mon père, afin de nourrir ses congénères, il participa à sa manière comme des milliers de ses semblables à la disparition d'une multitude de bestioles, de petites bêtes et au quasi-anéantissement du faucon pèlerin. Nous y voici, au coeur de ce récit. Ici même en cette terre québécoise, à l'image de ce bel oiseau, la parlure actuelle d'une certaine jeunesse serait-elle à ce point empoisonnée qu'elle provoquera un piqué vertigineux du haut d'un ciel orageux à la vitesse folle de 300 kilomètres pour fatalement écrabouiller sa proie, la langue française, à tout jamais ? Soyons faucons ! Et en bons pèlerins conjuguons à coups de bâtons en verbalisant toute la beauté de notre langue parlée en y intégrant à l'occasion de ces mots nouvellement inventés. Comme ce fut le cas par le passé. Pour améliorer notre langage, nous avons amadoué le joual en le poétisant et en le chantant admirablement. Ainsi va l'évolution de nos propos et de nos dires et de grâce nous survivrons en tant que nation à condition de transmettre au suivant cet amour des mots qui nous rassemblent.

DE TIKTOK À IA

Lors de l'équinoxe printanier, le 20 mars dernier, étourdi je devins, car tout un choc je reçus lorsque que Victhor mon petit-fils m'initia et me montra tout son savoir-faire sur TikTok. Le temps d'un bref instant, je me retrouvai dans la peau de cet homme des cavernes endormi depuis 400,000 ans qui se réveille de bon matin pour préparer son petit déjeuner en essayant d'allumer son feu quotidien, non pas avec ses bâtons ou ses roches, mais avec un barbecue. Déphasés nous sommes très souvent par toute cette mouvance créatrice de bidules numériques que l'humain produit à un rythme affolant. Il ne faut pas trop y penser. Je dois vous avouer cependant que j'ai tripé de voir mon petit bonhomme me montrer tout ce plaisir, cette frénésie qui l'habitent à communiquer avec ses amies, une déferlante hallucinante de vidéos qu'ils se transmettent à la vitesse de l'éclair, tout en se déguisant, se maquillant et en chantant par du lipsing sur des tounes plus ou moins compréhensibles à 95% exprimées en... Anglais. Êtes-vous étonnés ?: Le soir venu j'allai me coucher quelque peu hurluberlu. Le lendemain à mon réveil, quel fut mon étonnement à la vue d'IA dans un pyjama des plus aguichant. Non pas le truculent Hi ! Ha ! Tremblay, mais nulle autre que cette séduisante intelligence artificielle qui me faisait de l'oeil, gouttelettes de bave à ses lèvres pulpeuses, qui me dit d'un ton susurré, allez viens mon ami dans mon for intérieur découvrir l'infini de tous les possibles. Cela aurait pu effrayer une personne prude comme moi, mais n'en faisant qu'à ma tête de pioche et n'écoutant surtout pas mon courage, car nul il est, je fonçai pieds devants, comme un cadavre que l'on porte en terre et me retrouvai dans cet univers aux confins sans fin. Vous y étiez, aussi chers amis, et nous n'avions plus le contrôle de notre ombre qui n'en faisait qu'à sa tête, nous dictait ce que nous devions faire et nous envoyait paître avec les bêtes. Abrutissant n'est-ce pas ! Ça donne vraiment le goût de vivre encore cent ans. Imaginez mille de plus. Nous étions comme le Baron Frankenstein qui a perdu sa créature dans la nature et son fol espoir de vivre éternellement. Décidément, nous ne sommes pas les premiers ni les derniers à être dépassés par l'aventure humaine qui ne cesse et ne cessera jamais de se faire peur à elle-même. Ne regardons surtout pas sous le grabat et tirons les draps jusqu'à perdre la raison. Nous serons ainsi à l'abri de nos soucis et de ce monstre toujours prêt à terroriser et à émerveiller notre esprit.

PLAISIR D'AVRIL

Il faut que je vous avoue un plaisir coupable qui procure passablement de bien-être à mon piteux moral. Plaisir réservé exclusivement à l'homme alpha. Ce mâle dominant dont j'en suis et qui tente depuis toujours, mais en vain de contrôler ciel, mers et monde. Et pourquoi seulement les gars ? À cause de notre physionomie et des attributs intimes qui nous pendent entre les jambes. Je vous explique. Suivez-moi dans votre tête et soyez sans crainte, point d'obscénité à l'horizon. Je scrute des yeux mon terrain et j'y aperçois un tas de neige qui persiste et signe malgré la chaleur printanière. Je m'y approche, dézippe mon froc et laisse échapper mon petit pipi adoré sur cette neige monstrueuse que je veux voir disparaître au plus sacrant de mon champ de vision en y ajoutant cependant une légère touche artistique éphémère, qui prend parfois la forme d'un visage, d'une fleur, d'une étoile, selon l'inspiration du moment. Du bonheur qui donne envie, n'est-ce pas ! Évidemment, ce plaisir d'avril est un privilège plus aisé pour le campagnard à l'abri des regards que pour l'urbain entouré de voisins. Excusez-là !

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